Le phénomène Dragon Ball dans les années 90
[caption id="attachment_27111" align="alignleft" width="225"] Quand une couverture "DBZ" fait vendre ![/caption]Dragon Ball Z : Super Butôden 2 est sorti au Japon le 17 décembre 1993 sur Super Famicom puis en juin 1994 en France et en Espagne sous le nom de Dragon Ball Z : La légende Saïen sur Super NES.
C'est une époque particulière en France pour cette licence qu'est Dragon Ball. En 1994, le Club Dorothée est regardé par plus de la moitié des enfants et adolescents. Au cours de cette année, l'émission est diffusée entre 15 et 20 heures par semaine et parmi ses séries phares on compte Dragon Ball Z. La série est diffusée depuis Noël 1990 sur Tf1 et Glénat publie le manga depuis déjà quelques mois. Si l'anime est décrié par certains dont le CSA qui dépose des requêtes contre TF1 en 1990 et 1991 pour la diffusion de « scènes de violence et de sadisme » dans une émission destinée aux enfants, le succès de Dragon Ball Z auprès des jeunes est énorme. La presse vidéoludique de l'époque ne manque jamais une occasion d’en faire la couverture, parfois même alors sans que l'actualité autour du manga n’ait de rapport avec le jeu vidéo. Dans les mois qui suivent, la déferlante Saiyan est à son paroxysme : les cartes, les figurines et les VHS des films envahissent les magasins. L'année suivante, Dragon Ball Z se retrouve même au cinéma.
Devenir un Super Guerrier
[caption id="attachment_27115" align="alignright" width="135"] Les boites du jeu.[/caption]Le premier Dragon Ball Z : Super Butôden est sortie l'année précédente sur Super NES. Il a eu du succès auprès des joueurs malgré de nombreux défauts tant au niveau de ses graphismes que de son gameplay. Au Japon, il fait partie des jeux ayant dépassés le million d’exemplaires vendus. L’envie de contrôler à nouveau ces héros dorés est si forte que l'attente envers un deuxième épisode est grande. C'est dans ce contexte que sort Dragon ball Z : La légende Saïen, qui sera considéré par les fans comme le meilleur jeu Dragon Ball de cette génération. Le soft est vendu avec le premier tome du manga et c'est par ce biais que de nombreux fans, qui ne connaissaient que l'anime, découvrent la version papier.
Alors que La légende Saïen fait son apparition sur Super Nintendo, Bandai sort également Dragon Ball Z : l’appel du destin sur Mega Drive. Malgré une campagne de publicité groupée, c’est La légende Saïen qui tire son épingle du jeu. Bien que similaire sur certains points, techniquement le jeu sur SNES est meilleur.
Un jeu de légende
Il ne faut pas se le cacher, il peut être difficile pour un joueur n’ayant pas connu cette génération de jeux Dragon Ball de se représenter ce que pouvait être pour un ado des années 90 de démarrer sa console et de voir apparaître le sublime Son Gohan Super Saiyan, qui les faisait vibrer et dont ils allaient pouvoir enfin exécuter les super attaques…
Comparativement à son prédécesseur et même à son concurrent, le jeu est rapide. Il est particulièrement réussi techniquement et graphiquement avec par exemple des effets de destruction de décors et de nuages se déplaçant et passant parfois en premier plan devant les combattants. Si les musiques ne font pas l’unanimité dans la presse, surtout car elles ne sont pas issues de l’anime, elles deviendront cultes avec le temps et sont souvent plébiscitées par les adeptes du jeu. Celui-ci a une autre particularité, c'est qu'il intègre des personnages des films : Broly, Bojack et Zanghya. À ce moment-là, les films Dragon Ball Z ne sont pas encore sortis en France, AK vidéo les proposera à la vente au cours de l’année. Cependant, les joueurs en ont entendu parlé dans la presse. De plus, les personnages proposés ici proviennent des tout derniers films sortis aux japon, et Broly notamment fait déjà rêver les joueurs. Si celui-ci n'est disponible dans sa version originale qu'en exécutant un code, en France on peut le contrôler dès le début.
[gallery columns="4" ids="27121,27122,27123,27124"]Les magazines de l'époque lui attribuent d'excellentes notes et louent ses graphismes et sa réalisation hors pair. Le jeu est également considéré comme ayant une jouabilité exemplaire, celle-ci s'inspirant du standard de l'époque : Street Fighter. La série des Super Butôden et de ce second épisode en particulier, présente toutefois son lot d'innovations intéressantes. Combats aériens obligent, les personnages ont la possibilité de s'éloigner les uns des autres. L'écran est alors splité. Les techniques spéciales sont uniquement des super attaques de types kikoha (boules d'énergie) et quand un joueur attaque son adversaire avec une de ces attaques, un kameha par exemple, celui-ci a plusieurs possibilités : il peut parer, bloquer ou même faire exploser la boule d'énergie. Mais surtout, l’adversaire peut contre-attaquer ! Dans ce cas-là, les deux joueurs devaient marteler les boutons de leur manette le plus vite possible pour remporter le duel !
La traduction on « san » fou !
Réaliser la traduction d'un jeu japonais n’est pas toujours aisée. Le japonais étant une langue bien différente de la nôtre, où par exemple un kanji peut représenter un mot entier, il est parfois difficile de faire rentrer l’exacte traduction d’une phrase dans le bloc qui lui ait prévu. Cependant ceci n’explique pas tout. Tout commence mal à ce niveau-là dès le premier regard jeté au dos de la boîte, dont le texte est rempli de fautes et ressemble à une traduction « Google translate ». Dans la notice, on retrouve le même texte que sur la boîte, mais légèrement corrigé. Pour le reste, c’est fait à la va-vite. On nous parle d’un mode légende (c’est la signification du mot « butôden »), mais le joueur ne le trouvera pas, car il a été renommé tout simplement « histoire ». La description des personnages nous laisse perplexe, notamment celle de Piccolo où nous apprenons qu’il est le fils de « Piccolo Grand Satan ». Les textes dans le jeu lui-même, en plus d'être courts, sont parfois maladroits, voire incompréhensibles. Certains personnages ont été renommé. Ainsi, Satan (Hercules en VF) est appelé Enfer. Les prénoms des personnages des films, alors inconnus du public français sont tous modifié. Broly est Tara, Bojack est Kujira, Zanghya est Aki. Ce choix n'a aucune réelle logique.
Autour du jeu
[caption id="attachment_27126" align="alignleft" width="188"] Le jeu est victime de son succès[/caption]Bien entendu Dragon Ball Z : Super Butôden 2 a généré plusieurs produits dérivés. Une artbook a vu le jour. Celui-ci a d'ailleurs été redistribué dernièrement lors de la sortie du jeu en version dématérialisée sur 3DS. L'OST ayant conquis son public, un CD comprenant les Soundtracks du jeu a également été produit. Dans les années 90 au Japon, on trouvait également des jouets estampillés Super Butôden 2, notamment des figurines articulées.
Dragon Ball Z : Super Butôden 2 fait également partie d'une série de jeux à avoir été portée sur NES, de manière non-officielle, par la team de développeurs pirates Hummer team. Ce « portage » a été réalisé à partir du moteur Kart Fighter Engine, du nom d’une précédente contrefaçon créée par ce même studio, un jeu de baston Mario. Comme souvent dans les contrefaçons chinoises, le tout est plutôt médiocre et inesthétique, avec des graphismes qui augmentent considérablement les risques d’épilepsie et des musiques qui piquent les oreilles. Cette adaptation démontre cependant le succès du jeu dont il est une résultante.
La nouvelle génération...
Avec l'essor de la 3D dans les jeux vidéo, la 2D a presque totalement disparu des adaptations de jeu de baston produits sur la licence. Le système de gameplay a également beaucoup évolué. On trouve cependant quelques résistants, sortes de successeurs aux Super Butôden. On retrouve part exemple en 2004 l'excellente série des Supersonic Warrior sur Gameboy Advance, et en 2015, Dragon Ball Z : Extrême Butôden sur 3DS. Développé par le même studio que celui des Supersonic Warriors et édité par Bandaï, celui-ci est un hommage à cette série culte qui a fait rêver les fans dans les années 90. A l'occasion de sa sortie, Bandaï sort un portage 3DS de Super Butouden 2. Dans cette adaptation, les musiques sont modifiées. En effet, le compositeur du jeu Kenji Yamamoto a été l'objet d'un scandale de plagiat autour de ces compositions sur Dragon Ball Kai. Le monsieur avait pour habitude de se servir de compositions d'autres auteurs, comme les Pink Floyd, pour créer ses musiques. Bien entendu, Dragon Ball : Super Butouden 2 n'a pas échappé à ces méthodes.